IA pour les PME vaudoises : par où commencer ?

Nov 2025

IA pour les PME vaudoises : Penser stratégie ou quotidien ?

L’intelligence artificielle est partout. Dans les médias, dans les discussions professionnelles, parfois même dans les repas de famille. Pour les dirigeants de PME, la question n’est plus vraiment si l’IA va s’imposer, mais comment s’y prendre sans perdre du temps, de l’argent… ou le contrôle.

Très souvent, la réflexion commence par une formule qui rassure : « Il nous faut une stratégie IA ». Sur le papier, l’idée est séduisante. En pratique, elle est souvent prématurée.


Pourquoi cette question se pose aujourd’hui dans presque toutes les PME

« L’IA donne l’impression qu’un train est en train de passer. Rapide. Bruyant. Et avec un panneau lumineux indiquant “monte maintenant ou regrette plus tard”. »

Cette pression est compréhensible. Aucun dirigeant – qu’il soit à la tête d’un atelier de précision dans le Jura, d’un cabinet d’experts-comptables à Lausanne ou d’un hôtel sur les rives du Léman – ne veut prendre du retard, ni exposer son entreprise à un désavantage concurrentiel.

Dans les échanges que j’ai avec des patrons de PME, je constate pourtant la même chose : beaucoup sentent qu’il y a quelque chose à faire, mais peu savent exactement par quoi commencer.

La tentation est alors de vouloir poser une grande vision avant même d’avoir tâté le terrain.


Élaborer une stratégie IA en PME : une fausse bonne idée ?

Parler de stratégie rassure. Cela donne une impression de maîtrise, de sérieux, de hauteur de vue. Pourtant, une stratégie qui n’est pas connectée au quotidien de l’entreprise reste souvent… un document.

Dans de nombreuses PME, la stratégie IA arrive avant les questions essentielles :

  • Où perd-on du temps chaque jour ?
  • Quelles tâches fatiguent inutilement les équipes ?
  • Où les erreurs humaines se répètent-elles ?

Sans réponses claires à ces questions, la stratégie devient une construction intellectuelle plus qu’un outil de pilotage.


Le quotidien de l’entreprise : le vrai terrain de jeu de l’IA

Dans les PME, la valeur se crée rarement dans de grands plans abstraits. Elle se crée dans les mails, les devis, les relances, les tableaux de suivi, les recherches d’informations, les comptes rendus.

C’est précisément là que l’IA apporte aujourd’hui le plus de bénéfices :

  • Réduire le temps passé sur des tâches répétitives,
  • Améliorer la qualité et la cohérence des informations,
  • Soulager la charge mentale.

Le quotidien n’est pas l’opposé de la stratégie. Il en est souvent la fondation.


Améliorer le quotidien n’est pas une absence de vision

Il existe une idée tenace selon laquelle améliorer le quotidien serait du bricolage, alors qu’une stratégie serait noble et structurante. Cette opposition est trompeuse.

Une série d’améliorations bien choisies, cohérentes et assumées construit une vision très concrète : celle d’une entreprise plus fluide, plus résiliente, plus confortable à piloter.

En réalité, beaucoup de stratégies efficaces émergent après coup, lorsqu’on formalise ce qui fonctionne déjà.


Ce que j’observe sur le terrain : là où les PME gagnent vraiment

Quand une PME utilise l’IA intelligemment, les gains sont rarement spectaculaires pris isolément :

  • 10 minutes gagnées sur un mail complexe,
  • Un devis mieux structuré,
  • Un tableau automatiquement résumé,
  • Une recherche d’information plus rapide.

Mais ces petits gains s’additionnent. Et surtout, ils réduisent la fatigue cognitive.

Ce que je vois le plus souvent, ce n’est pas une explosion de productivité, mais une respiration. Les dirigeants et leurs équipes arrivent à se concentrer sur ce qui compte vraiment.


Pourquoi beaucoup de PME se trompent de point de départ

Les erreurs sont fréquentes et compréhensibles :

  • Vouloir tout automatiser trop vite,
  • Choisir un outil avant d’avoir identifié un problème,
  • Copier des modèles pensés pour des grandes entreprises,
  • Croire que l’IA remplacera une organisation inexistante.

L’IA amplifie ce qui existe déjà. Elle n’efface pas les flous organisationnels, elle les rend plus visibles.


Commencer petit ne veut pas dire penser petit

Commencer par une amélioration ciblée n’est pas un signe de manque d’ambition. C’est souvent une preuve de maturité.

Dans une PME, chaque décision engage directement le dirigeant : financièrement, humainement, juridiquement. Avancer par étapes permet de garder le contrôle, d’apprendre rapidement et d’éviter les effets de mode.


Quand une vraie stratégie IA devient pertinente

La stratégie devient utile quand plusieurs conditions sont réunies :

  • Des usages concrets déjà en place,
  • Des bénéfices observables,
  • Une équipe à l’aise avec les outils,
  • Une meilleure compréhension des priorités.

À ce stade, la stratégie ne sert plus à deviner l’avenir, mais à structurer ce qui fonctionne et à décider de ce qui vient ensuite.


Le rôle du dirigeant face à l’IA

Un dirigeant n’a pas besoin de comprendre les détails techniques de l’IA. Son rôle est ailleurs :

  • Poser les bonnes questions,
  • Fixer des limites claires,
  • Décider du rythme d’adoption,
  • Assumer les choix.

L’IA est un outil. Le pilotage reste humain.


Par où commencer concrètement

Pour débuter sans jargon ni complexité inutile, il suffit souvent de se poser une question simple : qu’est-ce qui m’agace le plus dans mes journées ?

Cela peut être :

  • Une tâche répétitive,
  • Une perte de temps mentale,
  • Un point de friction récurrent,
  • Une source d’erreurs.

C’est souvent là que se trouve le meilleur point de départ.


Ce que l’IA ne remplacera pas

L’IA ne remplacera ni le jugement, ni la responsabilité, ni la relation humaine. Et c’est une bonne nouvelle.

Elle peut assister, proposer, éclairer. Elle ne décide pas à votre place. La responsabilité reste celle du dirigeant.


Conclusion

Finalement, la meilleure stratégie IA est souvent celle qui n’a pas porté ce nom au départ.

Commencer par améliorer le quotidien, tester, observer, corriger, puis structurer : cette démarche est plus lente en apparence, mais beaucoup plus solide dans la durée.

Dans les PME, la lucidité vaut souvent mieux que la précipitation. L’IA est un levier puissant, à condition de l’utiliser là où elle fait vraiment sens.